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RDVPermis, trois ans après : une révolution inachevée pour les auto-écoles

Introduction

Depuis son lancement progressif en 2020, puis sa généralisation fin 2022, la plateforme RDVPermis a profondément bouleversé l’organisation des examens pratiques du permis de conduire en France. Présenté comme une solution innovante pour rendre l’accès aux places d’examen plus transparent et équitable, ce système de réservation en ligne a cependant suscité de nombreuses critiques du côté des auto-écoles. Trois ans après sa mise en place, le bilan est contrasté : si certaines améliorations sont notables, les professionnels dénoncent toujours un outil contraignant, source de stress et de complications administratives. Alors que les délais d’attente restent élevés et que la pénurie d’inspecteurs persiste, RDVPermis parvient-il réellement à tenir ses promesses ? Décryptage d’un dispositif qui ne fait pas l’unanimité.

Un déploiement progressif pour remplacer Printel

La transition vers RDVPermis s’est effectuée en plusieurs étapes, entre 2021 et 2022, avec un objectif clair : moderniser le processus d’attribution des places d’examen. L’ancien système Printel, jugé opaque et inégalitaire, laissait aux préfectures la responsabilité d’attribuer des quotas de places aux auto-écoles, sans garantie de transparence ni d’équité. RDVPermis a donc introduit une logique de réservation en temps réel, ouverte aux auto-écoles mais aussi aux candidats libres. L’idée était de responsabiliser chacun en attribuant nominativement les créneaux et en luttant contre le gaspillage des places d’examen non utilisées.

Dans les faits, la mise en place a été plus chaotique que prévu. De nombreux ajustements ont été nécessaires pour corriger des dysfonctionnements majeurs, notamment une gestion des annulations trop rigide et une visibilité limitée des places disponibles pour les auto-écoles. En réponse aux critiques, des outils complémentaires ont été ajoutés, comme l’accès au bilan de compétences des élèves ou la publication progressive des places pour éviter un accaparement instantané par les plus rapides. Mais malgré ces améliorations, les professionnels de l’éducation routière continuent de dénoncer un système lourd et inefficace.

Des auto-écoles en colère face à un système chronophage

Dès les premières phases de test, la profession a exprimé son mécontentement face à ce nouvel outil imposé sans réelle concertation. Un sondage mené par Permis Mag en 2022 révélait que plus de 75 % des gérants d’auto-écoles étaient insatisfaits de RDVPermis, et la situation ne semble pas s’être améliorée depuis. La critique principale ? Une plateforme chronophage qui oblige les écoles à consacrer un temps considérable à la recherche et à la réservation des places.

Avec Printel, chaque auto-école recevait un quota fixe de places en fonction de son volume d’activité, lui permettant d’organiser ses examens de manière anticipée et sereine. RDVPermis, en instaurant un système de réservation en direct, a transformé cette organisation en véritable bataille numérique. Tous les mardis, à heure fixe, les écoles doivent se connecter et se précipiter pour obtenir les rares créneaux disponibles. Certains gestionnaires parlent d’un « combat à la seconde près », où seuls ceux qui disposent d’une connexion rapide et d’un personnel mobilisé en permanence peuvent espérer obtenir des places pour leurs élèves.

Cette pression constante a aussi un coût caché : les gérants et leurs équipes passent désormais plusieurs heures par semaine à surveiller la plateforme, au détriment de leur cœur de métier, la formation des candidats. Un paradoxe d’autant plus mal vécu que RDVPermis devait justement simplifier leur quotidien.

Des délais toujours trop longs et un manque criant d’inspecteurs

Si RDVPermis a permis d’optimiser l’attribution des places, il n’a en rien résolu la problématique centrale du permis de conduire en France : le manque de créneaux d’examen. En théorie, le délai maximum entre deux présentations ne devrait pas excéder 45 jours. En pratique, cette promesse est loin d’être tenue.

Selon les chiffres de l’UNIC (Union Nationale des Indépendants de la Conduite), dans certains départements, les candidats doivent attendre entre trois et six mois pour obtenir une date. Dans les grandes agglomérations, la situation est encore plus critique : faute d’inspecteurs en nombre suffisant, les auto-écoles se retrouvent dans l’incapacité de planifier des examens réguliers. Un problème qui existait déjà sous Printel, mais qui a été exacerbé par la nouvelle organisation des places.

L’administration a bien tenté d’y remédier en recrutant 88 inspecteurs supplémentaires fin 2023 et en expérimentant l’ouverture d’examens les samedis ou en fin de journée. Mais ces mesures restent insuffisantes face à la demande croissante et à la nécessité d’une formation longue pour les nouveaux examinateurs. En attendant, ce sont les candidats qui en pâtissent : allongement de leur formation, coûts supplémentaires pour des heures de conduite non prévues et frustration de devoir attendre des mois pour décrocher le précieux sésame.

Un climat de concurrence délétère entre auto-écoles

L’une des conséquences les plus pernicieuses de RDVPermis est la rivalité qu’il a instaurée entre les auto-écoles. Avant, chaque établissement gérait ses places en interne, avec une certaine marge de manœuvre pour organiser ses sessions en fonction des besoins de ses élèves. Désormais, toutes les écoles d’un même territoire se retrouvent en compétition directe pour un stock de places limité, disponible en ligne à une date et une heure précises.

Ce système a donné naissance à une véritable guerre des nerfs. Certains professionnels avouent mobiliser toute leur équipe pour rafler un maximum de créneaux dès leur mise en ligne, tandis que d’autres dénoncent des pratiques déloyales, comme l’utilisation de logiciels pour réserver plus rapidement. Cette situation engendre tensions et rancœurs, transformant ce qui était autrefois un réseau de formateurs solidaires en une arène de compétition féroce.

Les candidats libres, bien que minoritaires, sont également pointés du doigt. En accédant directement à la plateforme, certains bloquent des créneaux sans avoir de véhicule ou d’accompagnateur adapté, ce qui se traduit par des annulations de dernière minute et des places perdues pour les autres.

Quelle suite pour RDVPermis ? Vers une réforme indispensable

Face à la grogne persistante des auto-écoles, les pouvoirs publics ont commencé à revoir certains aspects du dispositif. Des améliorations techniques ont été annoncées pour rendre la plateforme plus ergonomique et moins contraignante à utiliser. Un accès API encadré devrait permettre aux éditeurs de logiciels spécialisés de faciliter la gestion des réservations, sous réserve de règles strictes pour éviter les abus. Par ailleurs, les syndicats réclament un assouplissement des règles de nominativité des places, afin de donner plus de flexibilité aux écoles et d’éviter le gaspillage des créneaux inutilisés.

Mais au-delà de ces ajustements, une réflexion plus large sur l’organisation du permis de conduire s’impose. L’État doit impérativement renforcer les effectifs d’examinateurs et augmenter le nombre de sessions disponibles pour répondre à la demande croissante. Sans cela, RDVPermis ne sera qu’un pansement sur une jambe de bois, incapable de pallier le problème fondamental de la pénurie de places.

Trois ans après son déploiement, RDVPermis apparaît comme une réforme aux intentions louables, mais dont la mise en œuvre laisse à désirer. Si certains aspects du dispositif sont indéniablement une avancée en matière de transparence, son impact sur le quotidien des auto-écoles reste largement négatif. À l’heure où l’obtention du permis est un enjeu majeur pour l’emploi et la mobilité des jeunes, il est urgent de trouver un équilibre entre modernisation et pragmatisme. Le défi est de taille, mais la réussite de RDVPermis en dépend.

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